Colloque Mob’Sport en Nouvelle-Aquitaine : un temps fort au service d’une mobilisation collective

Le 20 juin au Musée Mer Marine de Bordeaux, Mob’Sport et le Comité Régional Olympique et Sportif (CROS) de Nouvelle-Aquitaine ont accueilli leurs partenaires à l’occasion d’un temps fort au titre explicite : «Décarbonons le sport en Nouvelle-Aquitaine ». L’objectif de l’évènement : donner la parole aux collectivités et aux acteurs des mobilités et du sport, afin de partager les réalités, les pratiques et les expériences de chacun, et d’engager ou d’accélérer les dynamiques locales déjà à l’œuvre.

Un constat partagé : c’est le moment d’accélérer l’action dans le sport !
Les deux tables-rondes qui ont structuré l’après-midi résonnaient comme un plan d’action en deux étapes : état des lieux et solutions. Au cours du premier temps d’échange, les trois axes de travail du programme Mob’Sport étaient représentés : sport amateur, sport professionnel et grands événements. Les participants se sont voulus optimistes. « La prise de conscience collective s’accélère, a affirmé Philippe Saïd, Président du CROS Nouvelle-Aquitaine. Il y a 3 ou 4 ans, les clubs redoutaient que les aides soient fléchées vers les questions environnementales. Aujourd’hui, on sent au contraire une envie de s’engager sans forcément savoir comment. C’est le Momentum pour passer à l’action ! » Thierry Parienty, Président des Boxers, club de Hockey sur glace professionnel, confirme cette impression : « Nous faisons déjà beaucoup de choses pour favoriser les mobilités douces, sans nécessairement les formaliser ou les partager. Nous avons la chance que notre patinoire soit bien desservie par les transports en commun. »
Des habitudes de déplacement à faire évoluer
Comme l’avait souligné, en préambule, Cédric Sous, Animateur secteur territoires durables à l’ADEME Nouvelle-Aquitaine : les solutions existent déjà. Reste à les diffuser, et à les concrétiser en favorisant la concertation entre les différents acteurs. Mathilde Chamak Cheffe de projets RSE, à la Ligue de football professionnel s’y emploie en proposant un accompagnement aux clubs professionnels : « Nous organisons une réunion tous les deux mois, pour présenter les bonnes pratiques observées dans d’autres secteurs ,pour partager des inspirations et pour fournir aussi des outils clés en main, comme des campagnes de sensibilisation. » La Ligue de football professionnel a également mis en œuvre la Licence club, qui conditionne au respect de critères RSE le versement d’une partie des droits télé destinés aux clubs.
Les fédérations de sport amateur sont également actives. « Le rugby, ainsi que d’autres sports, n’ont pas hésité à repenser l’organisation des compétitions pour réduire les déplacements, se félicite Stéphanie Poujade, Directrice du CROS Nouvelle-Aquitaine. Ils ont opéré un découpage géographique qui évite aux équipes de traverser, chaque week-end, notre région qui est, rappelons-le, aussi grande que l’Autriche. Le Canoë Kayak tente d’organiser du co-voiturage interclubs. La ligue de football a mis en ligne un outil de co-voiturage dédié sur l’espace licencié. Les initiatives se multiplient. Mais il faut que le public et les pratiquants s’en emparent… » En effet, la voiture individuelle reste le modèle dominant. « Si Mob’Sport peut nous trouver des incitations qui permettent de développer le co-voiturage, nous sommes preneurs, »lance Vincent de Brisson, Directeur Circulation et stationnement, Bordeaux Métropole. La décarbonation des mobilités dans le sport est un défi à relever collectivement. Car la mise en œuvre de ces réponses nécessite la concertation d’acteurs qui se méconnaissent parfois. C’est tout le sens de cet évènement que de favoriser ces rencontres et de partager les solutions et les sources d’inspiration qui permettront faire marquer des points aux mobilités durables.

Le casse-tête des grands évènements sportifs
La donne est légèrement différente sur ce point. Chaque événement nécessite la mise en œuvre d’actions spécifiques. La métropole de Bordeaux organise en moyenne une dizaine de temps forts d’envergures internationales par an. Cependant et même si la coordination entre acteurs est déjà très fluide notamment sur la communication, elle possède des difficultés à adapter ses propositions de mobilité.
« Une des grandes difficultés, c’est la connaissance du public. On manque de chiffres sur la provenance des usagers et sur leurs moyens de déplacement. Donc on a du mal à adapter finement le plan de mobilité » explique Thibault Arassus, chef de projets grands événements à Bordeaux Métropole.
« On mène des enquêtes pour essayer de qualifier ce qu’il se passe sur la Gironde et voir les potentielles nouvelles lignes de transports » poursuit Vincent De Brisson, directeur de la circulation et du stationnement à la métropole.
« Parfois on déploie des moyens considérables pour seulement quelques milliers de personnes. Par exemple nous pouvons affréter des navettes de bus comme nous l’avons fait entre la gare de Cenon et le Stade. Nous adaptons aussi la fréquence des lignes de tram et mettons en œuvre des tarifications spécifiques avec le Pass Evénement »expose Thibaut Arassus. Des actions qui ont un coût pour la collectivité et dont la pertinence est tributaire des aléas climatiques ou encore de décisions des organisateurs.
Tous s’accordent sur un point « Nous devons améliorer ce point pour peser sur les habitudes ».