Plus de public, plus de vigilance [Episode 1/2]

Episode 1 - Comment le football professionnel gère l’augmentation de l’affluence dans les stades ?

Avec près de 11 millions de personnes en tribunes pour la saison 2024-2025, (8,5 millions en Ligue 1 et 2,3 millions en ligue 2), le football français affiche un score historique de fréquentation et une belle dynamique. L’engouement est là ; les abonnements sont en hausse… mais cette réussite entraîne aussi une hausse des déplacements, avec un impact environnemental croissant. Face à cet enjeu, la Ligue de Football Professionnel (LFP) entend jouer son rôle d’accompagnateur et de facilitateur, en incitant les clubs à proposer des solutions de mobilité plus durables à leurs supporters, avec le soutien des collectivités et de Mob’Sport !

La Licence club, levier d’incitation écoresponsable

La démarche d’accompagnement de la LFP repose, en premier lieu, sur la Licence club. Initialement créée pour soutenir la professionnalisation du football, elle a progressivement intégré des critères écoresponsables. Aujourd’hui, elle fait office de véritable label valorisant les clubs engagés dans la transition énergétique, et favorise ceux qui mettent en œuvre des actions concrètes en matière d’environnement, de mobilité ou de gestion des ressources (eau, gestion des déchets, économie d’énergie). En effet, l’obtention de cette Licence club conditionne l’accès à une part fixe des droits audiovisuels, ce qui représente, en moyenne, la moitié du budget d’un club… Dans un contexte économique tendu, la Licence club s’impose comme un levier puissant, à la fois financier et stratégique, pour encourager les transitions du football professionnel.

En matière de mobilité, la LFP ne finance pas directement les projets. Elle pousse à l’action en incitant les clubs et les collectivités à collaborer pour mettre en œuvre des solutions comme les offres couplées (offre de transport en commun à tarif réduit ou même gratuit pour les détenteurs et détentrices de billets de match) ou le développement des parkings vélos aux abords des stades. Par ailleurs, la LFP diffuse à tous les clubs, en début de saison, une liste de trajets réalisables en bus et en train pour les déplacements des équipes sportives.

Une dynamique renforcée depuis le Plan Sobriété

Le Plan de Sobriété Energétique dans le Sport mis en place parle ministère des Sports en 2022 a été un tournant dans la prise de conscience des enjeux environnementaux liés au football et à la mobilité des spectatrices et spectateurs. Depuis, la LFP poursuit ses engagements et a lancé en 2025 une plateforme de reporting pour centraliser les données environnementales des clubs et en partager les résultats. Un état des lieux est attendu fin 2025 pour fixer, pour la première fois, des objectifs chiffrés.

Le programme Mob’Sport : un partenaire sur-mesure

Dans le cadre de sa politique environnementale, le programme Mob'Sport est arrivé au bon moment, comme le souligne Mathilde Chamak, cheffe de projets RSE à la Direction de la Communication externe et de la RSE à la LFP. « Ce partenariat nous permet d’approfondir notre travail avec les clubs en testant notamment des solutions innovantes, adaptées à localisation du stade et la taille de son agglomération d’implantation.» Mob’Sport propose un accompagnement personnalisé, ancré dans la réalité de chaque territoire. Il permet de co-construire les plans d’action avec les clubs, en tenant compte de leurs spécificités, plutôt que d’imposer un modèle unique. Une approche pragmatique et crédible, qui renforce l’efficacité des actions sur le terrain.

Aujourd’hui, huit clubs professionnels se sont engagés officiellement dans le programme. En parallèle, ces huit clubs ainsi que d’autres, dits “pilotes”, déjà bien avancés sur les questions de mobilité durable, vont intégrer un groupe de travail lancé par la LFP pour, à terme, permettre à l’ensemble des 36 clubs de Ligue 1 et Ligue 2 de bénéficier de l’expérience acquise et de déployer des projets de mobilité durable à grande échelle.

Transformer les contraintes en opportunités

Pour la LFP, la mobilité durable ne doit pas être perçue comme une contrainte, mais comme une véritable source d’opportunité avec en ligne de mire l’objectif de «  ne pas se couper du public», insiste Mathilde Chamak. Mobilité durable doit rimer avec amélioration des infrastructures : installation de bornes de recharge électrique, augmentation du nombre de parkings à vélos, ou encore meilleure accessibilité aux transports collectifs. Les initiatives peuvent aussi être conçues pour enrichir l’expérience du public. Dans le Grand Est, par exemple, les « TER supporters » permettent aux fans de partager un moment convivial dès le trajet, créant une ambiance unique avant même d’entrer dans le stade.

Cette dynamique ouvre enfin la voie à des échanges plus constructifs avec les collectivités locales. Une meilleure connaissance des enjeux de chacun permet d’imaginer de nouveaux partenariats autour du sport, au service des territoires. De plus en plus de collectivités conditionnent leurs subventions à des engagements environnementaux. C’est un signal fort : le football a tout à gagner à s’inscrire pleinement dans la transition écologique, en entraînant avec lui les clubs comme les supporters.

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